Le Dr Yves-Victor Kamami* explique les bénéfices de cette dernière technique mini-invasive.
Quelles peuvent être les conséquences des apnées du sommeil ?
Dr Yves-Victor Kamami. Il s’agit d’un problème très fréquent chez les personnes qui ronflent (1 à 5 % de la population). Ces arrêts respiratoires durent au moins dix secondes mais ne réveillent pas. Cependant, quand ils surviennent trop souvent, on les considère comme une maladie car leurs conséquences sont néfastes : fatigue matinale, somnolence, risque majoré d’hypertension, de complications cardiaques… La gêne sonore conduit fréquemment à faire chambre à part.
Quelles sont les causes à l’origine du ronflement et des apnées ?
Toutes ont pour origine une obstruction des voies aériennes pouvant se situer à trois niveaux. 1. Le nez : soit par déviation de la cloison, soit par des polypes ou des cornets (saillies osseuses des fosses nasales) trop volumineux. 2. Le voile du palais : trop long, trop épais, obstruant l’arrière de la gorge. 3. La langue : quand, trop volumineuse, elle bascule en arrière, bloquant l’air. Les trois problèmes sont souvent associés.
Comment s’assure-t-on du diagnostic ?
Tout d’abord par la pharyngométrie acoustique, méthode d’échographie des voies aériennes. Cet examen est suivi d’un enregistrement du sommeil à domicile au moyen de capteurs et d’électrodes.
Outre le masque respiratoire envoyant de l’air pulsé, quels recours a-t-on pour rétablir un sommeil normal ?
S’il s’agit de cornets dont il faut réduire le volume ou d’une cloison nasale déviée, le traitement le plus fréquent est chirurgical, sous anesthésie générale. L’inconvénient pour le patient est d’avoir à supporter des mèches dans le nez durant deux jours d’hospitalisation pour éviter les saignements (la région nasale est très vascularisée). En cas de polypes, on tente d’en réduire la taille en utilisant de la cortisone, mais certains ne peuvent être extraits que par chirurgie, nécessitant toujours la pause de mèches. Pour corriger le voile du palais trop long et trop épais, on a recours à la chirurgie et à des traitements par radiofréquence (à renouveler après plusieurs mois). Pour les personnes dont la langue est trop volumineuse, on conseille une orthèse dentaire qui, la nuit, maintient la langue vers l’avant.
Quels ont été les récents progrès réalisés pour la prise en charge de ces problèmes respiratoires ?
Il y a eu plusieurs étapes. Les premiers, avec l’arrivée du laser CO2, ont concerné les problèmes liés au voile du palais et aux cornets trop volumineux. Les gestes sont les mêmes qu’en chirurgie mais ont l’avantage d’éviter les saignements et les hospitalisations. Deux ou trois séances, sous anesthésie locale, d’environ vingt minutes sont nécessaires pour enlever la totalité du voile ou diminuer de moitié les cornets. Bien que les douleurs soient moins intenses qu’après une intervention chirurgicale, elles peuvent durer dix à quinze jours empêchant de s’alimenter correctement. Après ce délai, ronflement et apnées doivent disparaître. Plusieurs études américaines, réalisées sur des centaines de patients, ont été publiées dans des revues scientifiques telles “The Laryngoscope”. La plupart ont démontré la même efficacité.
En quoi consiste la dernière technique mini-invasive qui améliore encore le confort des patients ?
Cette avancée concerne le voile du palais dont il faut supprimer les vibrations sonores, non plus en l’enlevant mais en ouvrant un passage pour l’air. On utilise toujours le rayon laser CO2 pour la découpe mais, au lieu d’une ablation, on pratique une simple encoche médiane. Ce nouveau traitement (sous anesthésie locale avec un spray) ne nécessite qu’une seule séance d’environ cinq minutes. Les suites sont deux fois moins douloureuses que celles d’une classique intervention au laser. Le ronflement et les apnées diminuent le soir même ; le ronflement disparaît généralement après une semaine. L’activité peut être reprise aussitôt après l’intervention. On préserve le muscle de la luette, ce qui va permettre de maintenir une bonne déglutition.
Quels essais ont confirmé ces bénéfices ?
L’étude française, conduite par notre équipe de l’hôpital Saint-Cloud, a démontré les avantages importants de cette avancée. Exposés lors du congrès de l’Académie américaine ORL, ils nous ont valu la remise d’un diplôme d’honneur de cette société scientifique.
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