mardi 29 mai 2012

Apnée du sommeil: un masque pour mieux respirer la nuit

Apnée du sommeil: un masque pour mieux respirer la nuit

Le jour de l'entrevue avec Le Soleil, le... (Photo Le Soleil, Erick Labbé)

Le jour de l'entrevue avec Le Soleil, le Dr Frédéric Sériès a prescrit 15 de ces appareils pour éviter des arrêts respiratoires.
Photo Le Soleil, Erick Labbé
Pierre Pelchat
Le Soleil
(Québec) De plus en plus de personnes doivent dormir avec un masque et un tube branché sur leur nez pour avoir un sommeil réparateur. Le tube est relié à une petite pompe qui maintient une pression positive qui permet de dégager les voies respiratoires et de mieux respirer.
Sans cet appareil appelé CPAP (pression positive continue), qui coûte entre 1400 et 1800 $, ces personnes auraient un sommeil perturbé, non réparateur. Elles arrêteraient de respirer plusieurs dizaines de fois durant la nuit. Ces arrêts respiratoires peuvent durer entre 10 et 30 secondes et parfois davantage. Bien souvent, elles ne s'en rendent pas compte. C'est ce qu'on appelle l'apnée du sommeil.
«Un des cas extrêmes que nous avons eu à la clinique du sommeil est celui d'une personne qui arrêtait de respirer pendant une minute et demie. Son taux d'oxygène dans le sang tombait très bas», a raconté le Dr Frédéric Sériès, pneumologue à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, autrefois l'Hôpital Laval.
Ces arrêts respiratoires font craindre le pire bien souvent au conjoint effrayé, qui incite alors le dormeur au sommeil perturbé à voir un médecin. En plus de se sentir fatiguée le matin, de ne pas être en forme au travail, de risquer de s'endormir au volant, la personne souffrant d'apnée du sommeil a un risque plus élevé de troubles cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux. On associe également de plus en plus l'apnée du sommeil au diabète.
«Lorsque le cerveau commande le retour à la respiration, la tension artérielle augmente considérablement. Le rythme cardiaque augmente également. Ce trouble se répète plusieurs fois dans la nuit», a expliqué le Dr Sériès.
On a constaté que les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque et d'hypertension ont vu leur condition s'améliorer de façon marquée après avoir utilisé un CPAP.
L'obésité et l'apnée du sommeil sont étroitement liées, bien que des personnes minces puissent aussi faire des arrêts respiratoires durant leur sommeil. Il y a un cycle infernal. Une personne prend du poids, qui prédispose à faire des arrêts respiratoires lorsqu'elle dort la nuit. Or, l'apnée du sommeil entraîne un état de fatigue qui incite à manger davantage et à prendre des kilos. La solution est donc de briser cette boucle d'entraînement et de perdre du poids, ce qui est difficile, voire très difficile pour bien des gens.
Un cycle infernal
Il n'existe pas de médicaments contre l'apnée du sommeil, qui est causée par un affaissement des voies respiratoires durant le sommeil. Un surplus de graisse près des voies respiratoires n'aide en rien à bien respirer la nuit.
D'autre part, chez certaines personnes, la fatigue causée par l'apnée du sommeil peut être associée à un état dépressif et conduire à la prise de médicaments antidépresseurs, alors que le diagnostic aurait dû être tout autre.
Le Dr Sériès estime qu'environ le quart de la population adulte entre 30 et 60 ans est susceptible de souffrir d'apnée du sommeil. Cette proportion pourrait augmenter avec la hausse des cas d'obésité.
Depuis quelques années, on ne traite que la pointe de l'iceberg étant donné que bien des gens ne se doutent pas qu'ils ont un sommeil difficile attribuable à des troubles respiratoires. La journée de l'entrevue, le médecin avait prescrit 15 CPAP à autant de personnes. Ces appareils ne sont pas couverts par l'assurance maladie. Toutefois, les assurances privées d'employeurs remboursent la totalité ou presque du coût d'achat de ces appareils.
Les ressources pour diagnostiquer la maladie sont limitées. La clinique du sommeil de l'Hôpital Laval où sont évalués les patients ne compte que quatre lits, alors qu'il en faudrait le double. Il faut attendre plusieurs mois avant d'être évalué à l'Institut universitaire. Ailleurs, on parle d'années d'attente. Des personnes peuvent toutefois avoir un diagnostic avec un appareil que l'on utilise à la maison.

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