dimanche 8 avril 2012

chirurgie de l’obésité

L’efficacité et les risques liés à la chirurgie de l’obésité

La chirurgie est un recours de plus en plus utilisé pour traiter les formes les plus graves de l’obésité, véritable problème de santé publique dans la plupart des pays industrialisés. Cette pratique peut-elle venir efficacement à bout de ce mal qui ronge une proportion non négligeable de nos congénères ? Quels en sont les risques et les limites ?

La chirurgie de l’obésité, également connue sous le nom de chirurgie bariatrique, est une intervention destinée à traiter l’obésité morbide, l’une des formes les plus tenaces de l’obésité. Ce mal encore nommé « obésité pathologique », est une affection particulièrement grave qui empoisonne la vie de ceux qui en souffre et menace sérieusement leurs chances de survie.

 Cette nuisance est due au cortège de maladies qui accompagne cette forme d’obésité à savoir la dépression, le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’apnée du sommeil etc. La chirurgie bariatrique s’adresse aux individus dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40 ou aux personnes dont l’IMC est supérieur à 35, mais qui souffrent de complications telles que les douleurs articulaires et le diabète. Trois techniques chirurgicales sont utilisées en vue d’endiguer l’obésité morbide. La première et la plus connue est la réduction du volume fonctionnel de l’estomac par la pose d’un anneau modulable autour de celui-ci.

 Cette réduction du volume stomacal vise à contraindre le patient à diminuer la quantité d’aliments qu’il ingère. Cette intervention est réversible. La Sleeve gastrectomie, technique de moins en moins usitée consiste à diviser par cinq le volume de l’estomac par une intervention directe. La dernière technique, dénommée by-pass gastrique, consiste à court-circuiter l’estomac. Ce court-circuit entraîne une malabsorption de certains nutriments comme les graisses.

Selon le Pr Christian Gouillat, spécialiste en chirurgie générale et viscérale à l’Hôpital de la Croix-Rousse, ces opérations réduisent de façon pérenne et significative le surpoids des patients dans une proportion variant entre 50 et 80%. Le Pr Christian Gouillat, également membre de l’Académie nationale de chirurgie, a souligné que ces interventions chirurgicales aboutissaient à une réduction des pathologies généralement associées à l’obésité morbide

. Les patients étaient libérés du diabète dans 50 à 95% des cas. Leur espérance de vie s’accroissait tandis que la mortalité associée aux cancers et aux maladies cardiovasculaires chutait de façon drastique. Une équipe de chercheurs suédois, dont l’étude a été publiée en janvier 2012 dans la prestigieuse revue américaine Jama (Journal of the American Medical Association), a démontré que la chirurgie bariatrique contribuait à une forte réduction des décès dus à des accidents vasculaires cérébraux ou des infarctus. Cette étude s’inscrivait dans le cadre d’un vaste programme destiné à évaluer l’efficacité des techniques utilisées en chirurgie de l’obésité.

Les chercheurs associés au programme SOS Study, ont à cet effet comparés 2037 patients suivant des régimes hygiéno-diététiques à 2010 patients ayant subi une chirurgie bariatrique sur une période de 15 ans. Une étude publiée dans Archives of Surgery en octobre, a mis en exergue les bienfaits de la chirurgie bariatrique pour les familles dont un membre a subi une intervention chirurgicale destinée à limiter son poids. L’étude a révélé que les autres obèses de la famille avaient en moyenne perdu 4 kilos en l’espace d’une année. Cette intervention avait profondément modifié leur façon de s’alimenter et les avait incités à pratiquer le sport.

Cependant la chirurgie de l’obésité n’est pas une opération anodine dénuée de tout risque. Jean-Marc Catheline, chirurgien de l’obésité au centre hospitalier de Saint-Denis, a révélé qu’un tiers des personnes obèses ayant été traitées par voie chirurgicale étaient réopérées. Cela était dû à un échec de l’intervention. Le traitement de l’obésité par la chirurgie est susceptible de provoquer des troubles psychologiques. De plus la gravité des complications associées à ce traitement de l’obésité est proportionnelle à la complexité de l’intervention chirurgicale.

 Les opérations les plus complexes engendrent une complication dans 25% des cas alors que ce taux est de 0,2% pour les opérations les plus simples. Des fuites peuvent être observées au niveau des sutures pour des interventions telles que la gastrectomie. Au nombre des séquelles on compte des troubles métaboliques, des troubles digestifs et des carences nutritionnelles.

 Le taux de mortalité consécutive à ce type d’intervention varie entre 0 et 1%. La chirurgie bariatrique nécessite un suivi médical méticuleux qui, bien souvent peut s’étaler sur toute la durée de la vie du patient. Cette intervention, en dépit de ces désagréments, constitue à l’heure actuelle le seul moyen efficace pour traiter l’obésité pathologique. En 2010, 28.000 personnes obèses ont été opérées dans l’hexagone.

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