lundi 9 avril 2012

Sommet sur les troubles du sommeil à Québec

Les divers troubles du sommeil seront passés en... (Photothèque Le Soleil)
Les divers troubles du sommeil seront passés en revue par près de 1200 spécialistes jusqu'à mercredi à Québec, à l'occasion du congrès de l'Association mondiale pour la médecine du sommeil.
Photothèque Le Soleil
Luc Fournier
Le Soleil
(Québec) Les troubles du sommeil affectent au bas mot 40 % des adul tes. Bien qu'ils existent depuis la nuit des temps, on les comprend de mieux en mieux. Il le faut, puisque les facteurs qui bousculent nos dodos se multiplient, de la télé à l'embonpoint, en passant par le boulot de nuit.
Près de 1200 spécialistes du sommeil de partout dans le monde sont réunis jusqu'à mercredi à Québec à l'occasion du congrès de l'Association mondiale pour la médecine du sommeil. Ils se penchent sur les divers troubles du sommeil, dont l'insomnie, qui demeure le principal ennemi d'une nuit paisible. «Toutes les perturbations dans votre vie quotidienne, tout ce qui vous tracasse, un problème physique quelconque, vont entraîner de l'insomnie. C'est un gros, gros, gros fourre-tout», indique le Dr Fré­­déric Sériès, médecin spécialisé dans les troubles du sommeil.
Une étude faite par une équipe de chercheurs de l'Université Laval auprès de 2000 personnes révèle que 40 % de ceux-ci ont éprouvé au moins trois fois par semaine dans le dernier mois l'un des symptômes de l'insomnie, soit prendre plus de 30 minutes pour s'endormir, s'éveiller plus de 30 minutes pendant la nuit ou se réveiller 30 minutes plus tôt que prévu, le matin venu. Une personne sur cinq s'est d'ailleurs dite insatisfaite de la qualité de son sommeil.
Peu de gens vont toutefois con­sulter un médecin afin de régler leur insomnie.
Notre mode de vie a aussi un effet important sur notre sommeil. «L'aug­mentation de l'exposition à tout ce qui est informatique et jeu vidéo, ça n'a pas aidé à l'insomnie. Et la télévision contribue beaucoup aux mauvaises habitudes de sommeil», note le Dr Sériès, con­vaincu que la télé n'a pas sa place dans une chambre à coucher.
Troubles respiratoires
Aux problèmes d'insomnie s'ajou­tent de plus en plus les troubles respiratoires du sommeil ou l'apnée du sommeil. Ces problèmes nocturnes sont intimement liés à l'épidémie d'obésité dans la société. «Il y a un lien très direct entre l'anomalie respiratoire du som­meil et le poids», souligne le Dr Sériès. Plus le poids d'un individu augmente, plus le risque qu'il développe des problèmes respiratoires est important.
Le profil typique des patients faisant de l'apnée du sommeil - l'homme bien portant dans la cinquantaine - tend d'ailleurs à changer. Des anomalies respiratoires du sommeil sont maintenant fréquentes chez des adolescents de plus en plus jeunes. Chez de plus en plus de femmes, aussi.
Une personne dormant plus de sept ou huit heures qui se lève encore fatiguée le matin est possiblement aux prises avec un trouble d'apnée du sommeil.
Les complications possibles associées à ce trouble du sommeil sont par ailleurs préoccupantes. Hypertension, maladies coronariennes, accidents vasculaires cérébraux... sans compter le diabè­te. L'importance d'un bon sommeil dépasse ainsi le simple fait d'être bien éveillé ou pas, pendant le jour.
Un point positif. La technologie se développe, et ce trouble respiratoire est plus facile à diagnostiquer. Alors que par le passé, la plupart des diagnostics étaient faits en laboratoire, la tendance est maintenant inversée grâce à des appareils ambulatoires.
Le travail de nuit: contre nature
Une autre réalité jouant en défaveur d'un sommeil satisfaisant est celle des travailleurs de nuit. Une façon de vivre tout à fait contre nature, explique Marie Dumont, professeure au département de psychiatrie de l'Université de Montréal. «Quand on travaille de nuit, c'est certain que le sommeil est extrêmement perturbé. On est des animaux diurnes. On n'est pas fait pour travailler de nuit du tout.»
Celle-ci estime que la santé d'un tel travailleur peut être affectée si ce mode de vie est prolongé. Ce n'est toutefois pas automatique. «Il y a des gens qui sont capables de tolérer ça parfaitement. Mais il n'y en a pas assez pour remplir tous les besoins de notre société, dans les hôpitaux, la police... On a besoin de travailleurs de nuit», dit-elle.
Certains emplois nocturnes sont toutefois loin d'être essentiels. Dr Dumont donne l'exemple des personnes qui font de l'emballage dans des manufactures. «Pas besoin de faire ça la nuit. Mais les machines pour faire ça coûtent tellement cher que pour les rentabiliser, il faut les faire marcher 24 heures sur 24», se désole-t-elle.
«Ça, c'est l'homme au service de la machine. Ce n'est vraiment pas nécessaire.»

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